L'eau et les paysages marocains ne se prétend pas être un
inventaire complet sur son propre sujet, mais plutôt une lecture
paysagère condensée sur ce que l'eau a édifié sur le territoire
marocain.
Par Martin Bérubé, Université de Montréal
POSITION GÉOGRAPHIQUE
Le Maroc est situé à l’extrême nord-ouest de l’Afrique. Cet
État du Maghreb est limité à l’est et au sud-est par l’Algérie, au sud par
la Mauritanie, à l’ouest par l’océan Atlantique, et au nord par la mer
Méditerranée.
Nommé par les géographes arabes « al-maghreb al-aqsâ », le
royaume du Maroc est divisé en régions bioclimatiques contrastées.
Ouvert aux influences occidentales, ce pays limitrophe de l’Algérie et
de la Mauritanie a développé une civilisation originale au sein du
monde arabe. Seul il occupe 446 550 km², soit juste un peu moins que
l’Espagne, mais avec le Sahara marocain, sa superficie atteint 710
850 Km².
Le Maroc possède une ligne côtière de 1835 Km et occupe
une position géographique stratégique. Ainsi, avec l’Espagne, ses
côtes, près de Tanger, surveillent le détroit de Gibraltar, porte d’entrée
de la mer de Méditerranée.
LE RELIEF
Le Maroc est une terre de contrastes. Sa très longue façade maritime
étroite et abrupte en bordure de la Méditerranée, se prolonge de
plaines et de plateaux du côté atlantique. Ses montagnes sont les plus
élevées du Maghreb: le Djebel Toubkal culmine dans le Haut Atlas à 4
165 m. Les montagnes se décomposent en quatre chaînes formées à
des époques
différentes: l’Anti-
Atlas au sud, relève
du domaine
précambrien, le Haut
Atlas et le Moyen
Atlas possèdent un
socle hercynien,
tandis qu’au nord, le
Rif, prolongement du
Tell algérien, s’est
constitué avec le
plissement des Alpes.
Grâce à
l’enneigement de ses
montagnes, le
royaume est drainé
par de longs fleuves
bien alimentés. Sur
la carte de la page
suivante, nous
verrons les bassins
de drainage de la
Méditerranée, de
l'Atlantique et du
Sahara, ce dernier
étant intermittent
dans les cours
inférieurs.
Ces massifs s’ouvrent
largement à l’ouest et
encadrent les plaines (P en jaune sur la carte). Il y a donc la plaine
du Rharb au Nord de Salé, la plaine de la Chaouïa au Sud de
Casablanca, la plaine du Haouz (plaine dans laquelle Marrakech
est), et la plaine du Sous près d'Agadir, laissant à l’écart les hauts
plateaux du Maroc oriental.
Deux zones de hauts plateaux (Pl rouge sur la carte) s’élèvent à plus
de 1 000 m: la Meseta marocaine entre le Haut et le Moyen Atlas au
sud-est de Rabat; et les terres qui prolongent le Tell oranais à
l'extrême Est du Maroc.
Carte Bassins de drainage
Par Martin Bérubé
Photo satellite : http://visibleearth.nasa.gov
LES ZONES CLIMATIQUES
Le climat marocain, reflète le relief, c’est-à-dire très contrastés. En
tout lieu, en tout temps de l'année ou de la journée, il change, se
transforme, nous éblouit, et ce, sous :
-L’influence de la Méditerranée et de l’Atlantique : Vers le nord du
pays, le climat est
comparable à certains
pays comme le Portugal
ou l’Espagne. Les étés
y sont relativement
chauds et les hivers
sont frais. Sur les côtes
méditerranéenne, il
pourra tombé jusqu'à
2000mm de pluie. Des
fougeraies pourront y
pousser.
-L’influence de
l’Atlantique: , les
températures estivales
sont confortables,
chaudes, mais ventilées
grâce à la proximité de
l’océan. Plus au sud, le
climat est plutôt sec et
aride, bref un climat
plus désertique.
-L’influence des
montagnes : Sur les
montagnes, les étés
semblent chauds
malgré l’altitude, et les
orages assurent une
humidité et diminue la
sécheresse, grave problème pour certaines autres régions du Maroc.
Les hivers, par contre, sont froids et pluvieux, marqués par le gel et la
neige. La végétation est visuellement comparable au dégradé de la
forêt boréal du Québec, mais s’effectue sur une très courte étendue. À
noter que tous les Oueds prennent naissances dans les zones
climatiques montagnardes humides.
-L’influence du désert : A l’est du pays, les écarts de températures
entre l’été et l’hiver sont plus considérables. Les étés sont très chauds
et les hivers sont froids avec du gel, surtout à la tombée du jour. La
sécheresse tant qu'à elle représente un défi énorme pour la croissance
des végétaux. Les pluies sont irrégulières en durée, en intensité et en
espacement temporel.
LES MONTAGNES ET LES PAYSAGES MAROCAINS
Environ un tiers du territoire marocain est recouvert de montagnes qui
atteignent des hauteurs impressionnantes. Le Maroc renferme quatre
principales chaînes de montagnes.
Le Rif : Il est au Nord du pays, borde la Méditerranée et fait face à
l'Espagne tout en proposant des biotopes variés selon l’altitude des
régions. En fait, à l’ouest, on retrouve surtout une végétation épineuse:
des sapins, des pins, des cèdres, etc. De l’autre côté, il y pousse des
steppes arides et des maquis. Encore plus à l’est, on y retrouvera le
chanvre. Le plus haut sommet du Rif atteint 2456 mètres et porte le
nom de Djebel Tidighine.
Le Moyen Atlas : À l’est de la ville de Fès, la plus haute montagne de
cette chaîne se nomme le Bou Naceur (3340 mètres.) Sur ces
montagnes, on y retrouve surtout des fleurs, des forêts de chênes et
de cèdres et plusieurs cours d’eau ou oueds. La plupart de ces cours
d’eau vont filer jusqu’à la mer Méditerranée et l’océan Atlantique. C’est
parmi les montagnes du Moyen Atlas que se situe le lac montagneux
le plus vaste du Maroc soit l’Alguelmane Sidi Ali qui accueil des
cigognes durant la saison estivale. D’autres fleuves partent de ces
montagnes et cascadent sur les pentes et les falaises afin de
poursuivre leur chemin vers les plus grandes étendues d’eau.
Le Haut Atlas: Les plus hauts sommets de l’Afrique du nord font partie
de cette chaîne. En fait, dix montagnes dépassent les 4000 mètres, la
plus haute étant le djebel Toubkal (4165 m). Le Haut Atlas renferme
des attraits touristiques intéressants. Ainsi, parmi ces montagnes, il
repose près de Ouarzazate (160mm de pluie/an) la vallée de roses où
il y naît, à chaque année, des milliers de roses colorées. Au pied du
Haut Atlas, une région de palmiers et de dattiers se nommant Tafilalet
s’y trouve. Plus d’un million de dattiers produisent plusieurs types de
dattes différents. Enfin, il est possible de voir des oasis à
Tamtattouchte et à Fuguig.
En général, à partir de 600 mètres d'altitude, et jusqu'aux plus haut
sommets, le climat est toujours humide et les précipitations annuelles
sont comprises entre 650mm dans l'Atlas Oriental et de plus de 1
mètre dans le Rif, et l'enneigement est souvent important.
LE OUED ET LES PAYSAGES MAROCAINS
Le Maroc possède beaucoup de cours d’eau (oueds) comme le
Sebou, le Sous, la Moulouya, le Draa et le Dadès. Ces cours d’eau
se propagent vers les grands fleuves et éventuellement vers
l’océan et la mer. Cependant, dépendamment des saisons, la
quantité d’eau qu’ils contiennent varie. En fait, en hiver ils sont
sujet au gel, et en été, ils sont plutôt susceptibles à la sécheresse.
Ils n’offrent donc pas toujours une source sur laquelle on peut
compter sans préoccupation. Cela représente d’ailleurs un grand
problème pour le Maroc, surtout pour l’agriculture.
Ceci étant dit, je vous offre une lecture paysagère du Oued Ziz sur
cette page et sur une partie de la page suivante. Nous pouvons y
voir ce qu'un oued peut faire surgir du sol, soit la végétation
naturelle ou celle contrôlée par l'homme dans les oasis, mais
lorsqu'on atteint en aval l'extrémité du oued, la vie peut disparaître
et devenir un paysage désertique.
Vue transversale satellite de l'Atlas.
Au centre, en vert, l'oeuvre végétal du Oued ziz
Par Martin Bérubé Photo satellite : http://visibleearth.nasa.gov
Position géographie de la photo du bas (carré blanc)
Par Martin Bérubé Photo satellite : http://visibleearth.nasa.gov
Vue en plongée de la Vallée du Ziz www.maion.com
Vallée du Oued Ziz
LA KHETTARA ET LES PAYSAGES MAROCAINS
Les principaux espaces hydrauliques qui permettent
l’irrigation sont :
-Les canaux d’irrigation, les seguias, et les petits barrages-
Les puits
-Les khettaras
Les seguias sont des canaux à ciel ouvert qui
acheminent l’eau vers la ville et les khettaras sont des
lignes de puits régulières, sorte de taupinières géantes
alignées avec une rigueur extrême. Le principe est
simple : il s’agit d’aller capter l’eau dans la nappe
phréatique et de l’amener par gravité jusqu’aux jardins de
la palmeraie. Certaines khettaras peuvent mesurer jusqu’à
15 km de long. Le diamètre de la canalisation souterraine
est de l’ordre de 1m pour permettre à un homme courbé
en deux afin d’en assurer l’entretien. L’ingéniosité du
système réside dans sa conception et son adaptation aux
exigences de la vie dans le désert : cette méthode évite
les corvées d’eau, épuisantes tant pour les hommes que
pour les animaux ; elle assure un débit constant sans
risque de tarir la nappe, et limite l’évaporation. L’eau, dès
sa sortie des khettaras, emprunte les seguias pour être
distribuée selon un système conventionnel basé sur la
gravité. Mais pendant la sécheresse, les seguias et les
khettaras sont moins bien entretenus. Le système ancien
avait aussi pour but de réguler le cours du bouillant du
cours d’eau. Il résulte de ce désordre une salinisation liée
à la dégradation chimique des sols.
Les avantages du réseau souterrain :
-Réduit l’évaporation lors du transport
-Nul besoin de pompes
-Utilise une ressource renouvelable
IRRIGATION MODERNE
Au Maroc, la maîtrise et la mise en valeur des ressources en eau sont
une pratique très ancienne et depuis toujours un facteur déterminant
de la structuration de l’espace et du développement des terroirs, car le
contexte et les conditions climatiques y sont variables et irréguliers.
L’irrégularité spatiale et temporelle des conditions climatiques, l’impact
des sécheresses et des inondations successives, la distorsion entre
les courbes de progression démographique et celles des productions
agricoles et la nécessité absolue d’amélioration du bien être des
populations, sont autant de facteurs qui font de la maîtrise de l’eau un
impératif technique, et économique et une voie privilégiée pour le
développement économique et social.
Il tombe actuellement 150km³ d’eau au Maroc. L’eau utile, dite l’eau
renouvelable, est de 30km³, soit 1/5 du total. L’eau mobilisable, soit
l’eau que l’on est capable de capter à l’aide des différentes techniques
modernes est de 20km³, soit 66% de toute l’eau renouvelable.
L’eau mobilisable souterraine est 4km³ et l’eau mobilisable de surface
est de 16km³. Actuellement, cette eau mobilisable est disposée à
68%(11km³) pour l’eau de surface et à 65%(2,65 km³) pour l’eau
souterraine. Globalement, 46% de l’eau renouvelable est consommée.
Les prélèvements en eau pour l'agriculture représentent 89% du total,
l’industrie et la collectivité se partage l’autre 11% à part égale.
Par ailleurs, les volumes mobilisés par les 94 barrages sont de 9,4km³
et ceux par des prises au fil de l’eau sont de 1,6km³. Durant les trois
dernières décennies, la capacité totale des barrages est passée de
2,2km³ à 14,5km³, et les volumes régularisés de 2,1km³ à 9,4km³, soit
un taux d’accroissement annuels moyens respectifs de 6% et 5%. La
production hydro-électrique était de 1 600 GWh en 1991, soit 15% de
la production énergétique totale du pays.
En 1990, 236 000 points d'eau (puits 91%, sources 8%, points d'eau
de surface 1%) étaient recensés en zone rurale, soit environ 1 point
d'eau pour 50 habitants, dont 16% équipés d'un moyen d'exhaure,
mécanique ou motorisé. Une enquête sanitaire a montré que 84% des
points d'eau fournissent de l'eau non potable. Finalement, 10% de la
population rurale est desservie de manière satisfaisante par des
systèmes collectifs et 8% bénéficient de réseaux de distribution, soit
Ainsi 80% de l’eau des lacs de barrages est acheminée par les rivières
existantes avant d’être rediriger. Pour parer à la perte d’eau lors de
l’arrosage, la technique du compte goutte peut être exemple, l’eau qui
passe à travers des ouvertures plus petites qu’1 mm de diamètre doit
être extrêmement exempt de toutes saletés afin de ne pas boucher le
mécanisme.
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L'eau et les paysages marocains
L'eau et les paysages marocainseau du maroc 03:09:00