
Dès qu'ils ont vu le camion-citerne de la ville débarquer dans leur quartier, Mohammad et Nayla se sont précipités. Ce jour-là, il y avait de l'eau gratuite. Un fait rare à Karachi, où la mafia siphonne souvent les tuyaux pour revendre à prix d'or le précieux liquide à une mégalopole assoiffée.
A Sadiqabad et dans les autres bidonvilles de Karachi, l'eau ne coule plus guère de l'aqueduc censé approvisionner les mini-masures plantées sur des ruelles de terre bosselées.
Cette pénurie ne fait pas qu'exaspérer la population de la plus grande ville du Pakistan: cet été, elle a aggravé les effets d'une canicule qui y a fait plus de 1.200 morts.
Au cours des dernières décennies, Karachi s'est étendu de manière aussi anarchique que tentaculaire, passant de 500.000 à 20 millions d'habitants en 60 ans et atteignant une superficie équivalente à 33 fois celle de Paris intra-muros.
