Les zones du pourtour de la Méditerranée sont très arides et l'eau douce y est rare. Avec l'accroissement de la population, cette situation conduit les Etats à choisir de produire de l'eau potable à partir du dessalement* de l'eau de mer. Or, le dessalement a des retombées néfastes sur l'environnement.

Des sous-produits toxiques
Dans les usines à distillation, on utilise du chlore pour tuer les bactéries et éviter la contamination biologique des installations. Mais le chlore, qui est ensuite rejeté en mer, tue sans discrimination tous les organismes qui y sont sensibles. Et quelle que soit la technologie, quand on a dessalé l'eau de mer, ce qui reste, c'est le sel. La désalinisation produit un litre de saumure pour un litre d'eau douce, et le saumure finit à la mer. Or cette eau rejetée est en moyenne deux fois plus salée que l'eau de mer. En conséquence, elle perturbe le milieu marin et peut détruire un habitat fragile, privilégié par de nombreuses espèces de faune méditerranéenne, les herbiers de posidonie** (des champs d'herbes aquatiques où se reproduisent les poissons).
L'Espagne, championne du dessalement en Europe
En 2009, la production mondiale d’eau dessalée était de 51 millions de m3 par jour, dont 3,4% en Espagne. L’Espagne est la championne européenne du dessalement et se situe à la quatrième place mondiale derrière l’Arabie saoudite, première (voir graphique ci-dessous). L'Espagne vit depuis toujours des problèmes d'eau potable et le pays a été le premier à dessaler l'eau pour l'agriculture. La gestion des ressources en eau y est donc un sujet capital, et la plus grosse usine de dessalement d'eau de mer par osmose inverse en Europe a vu le jour à côté de Barcelone en 2009. L'usine de Barcelone (200 000 m3 d'eau par jour, 73 millions de m3 par an), financée à 75% par l'Europe, construite par une entreprise française, est à la pointe de la technologie et a été conçue avec la volonté de diminuer la consommation d'énergie.
De plus en plus d’usines
Pour autant, le problème des rejets de saumure reste entier et on ne peut que s'inquiéter pour l'avenir, car en Espagne, le Programa Agua, qui a été lancé par l'ancien chef du gouvernement Zapatero, repose en particulier sur la construction de 20 nouvelles usines de dessalement sur le littoral méditerranéen. Mais l'Espagne n'est pas un cas unique, car dans tous les autres pays côtiers, de l'Algérie à Israël en passant par la Grèce, les usines de dessalement poussent aujourd'hui comme des champignons. Avec la généralisation de cette solution technologique, il est indispensable d'envisager ses retombées écologiques.
Source de l'article RFI